Comment maximiser l’intelligence collective pour résoudre plus efficacement les problèmes urgents ?
La démocratie est censée être le pouvoir du peuple, pour le peuple et par le peuple. Malheureusement, comme le rappelle Hélène Landemore, professeur à Yale, dans Democratic Reason – Politics, Collective Intelligence, and the Rule of the many, au fil du temps, peu d’hommes politiques, de penseurs et même de citoyens ont eu confiance dans la capacité de l’électorat à faire preuve d’intelligence collective. Winston Churchill a dit un jour : « Le meilleur argument contre la démocratie est une conversation de 5 minutes avec l’électeur moyen ». Ce commentaire ne résonne-t-il pas avec la plupart d’entre nous aujourd’hui ?
Pourtant, ces dernières années, des expériences délibérées de nouvelles formes de collaboration publique à travers le monde ont prouvé que ce scepticisme était peut-être exagéré. Des forums nationaux, des festivals de la démocratie, des conférences de consensus, des budgets participatifs et des approches inhabituelles telles que le théâtre forum sont en train d’établir une relation plus fructueuse entre les citoyens et les autorités publiques. Par exemple, en Inde, selon l’approche des audiences publiques jan sunwai, les fonctionnaires et les personnes affectées par une action ou une décision particulière de l’administration règlent les litiges juridiques devant un public qui rit, applaudit ou hue. À Grenoble et à Charleroi en France, dans le cadre des événements Parlons-en, les sans-abri sont invités à discuter de leurs difficultés avec leurs concitoyens. Au Chili, la Table de consensus offre aux populations indigènes une occasion unique de dialoguer avec les agents de l’État.
Passer des « suppléments » démocratiques à un « régime » sain
De telles initiatives sont des compléments bienvenus dans le régime d’un corps politique mal nourri. La bonne nouvelle, c’est qu’en rassemblant les gens, elles renforcent l’éducation civique, l’engagement et la conversation publique. Mais même si ces efforts gagnent en importance, ils restent relativement marginaux. La conversation est trop souvent déséquilibrée et mal informée, et les décisions qui en résultent restent (ou du moins sont perçues comme) sous-optimales. Ces initiatives sont également insuffisantes face aux défis et aux opportunités croissants : Les démagogues prospèrent tandis que les gens sont de plus en plus frustrés ; les nouveaux outils numériques renforcent les attentes des citoyens qui souhaitent avoir davantage leur mot à dire, mais déclenchent également la désinformation ; et les nouveaux mouvements sociaux et les expériences novatrices continuent de se multiplier et d’avoir de plus en plus d’impact.
Auteur : Stephen Boucher
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Publié à l’origine par Reos Partners.